La Chevauchée Ecarlate
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La Chevauchée Ecarlate


 
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 Going slightly mad

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Milo

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MessageSujet: Going slightly mad   Going slightly mad Icon_minitimeMer 9 Sep - 22:58

Chapitre I : Souvenirs
*****
En musique...



Dans ce ciel qui serait bientôt pénombre, il s'était mis à courir...

A peine une ombre, rien qu'un geste sortant de la coutume, il n'en fallait guère plus pour déceler l'arrivée imminente d'une de ces habituelles crises. Oh bien entendu, parfois le changement était si peu puissant qu'il gardait une once de conscience, celle-là-même qui lui permettait de s'enfermer à double tour, et de frapper les murs de granit sombre qui entouraient la cellule qu'il occupait, jusqu'à ce que ça passe... Il lui arrivait même d'utiliser une drogue dont un vieux fou lui avait donné la recette. Une drogue qui n'empêchait en rien le Second de mutiler le Premier, ou peut-être était-ce l'inverse. Après tout il était difficile de savoir qui avait pris la place de l'autre, qui s'était immiscé dans son intimité sans en demander la permission, à la façon d'un poison qui, à chaque seconde, s'empare un peu plus de vous, jusqu'à ce qu'il prenne complètement le dessus, et vous laisse inanimé, en proie à vos délires les plus ravageurs pour l'esprit et pour l'âme. Quelle importance après tout, puisque la mort n'est jamais bien loin de cet état.

De cette drogue, il en avait toujours sur lui, mais comme toutes les autres, l'accoutumance était un de ses effets néfastes. Le Second, ou était-ce le Premier, y résistait, s'y habituait, et il savait qu'un jour, elle serait inefficace sur Lui. Complètement inefficace. Et qu'adviendrait-il s'il n'avait pas le temps de s'isoler, comme il le faisait ? Le pire à endosser était sans doute cet état de conscience évanouie dans lequel il se trouvait lorsque l'Autre arrivait, pas assez présent pour s'opposer à la difficile et irrévocable suite d'évènements qui découlaient de sa venue, trop présent tout de même pour en oublier ne serait-ce qu'un mouvement, une pensée, pas même une vision.

Il ne cessait de courir, car il lui fallait rentrer avant que les effets de la drogue ne se dissipent...

C'est alors qu'il se désaltérait à une source que l'Autre s'était trahi. Le reflet d'un regard trop flamboyant pour être le sien, du moins en cet instant dénué de toute agitation. Et paradoxalement, il l'admirait au moins autant qu'il ne le craignait, non pas pour lui-même, mais pour les quelques personnes qu'il estimait encore. Car même s'il lui était déjà arrivé de subir une crise au monastère, il n'avait pas eu le souvenir d'y avoir croisé une tête connue, alors emporté par ce qu'il appelait, il y a peu de temps encore, « la folie ». A la réflexion, ce pouvait aussi être le résultat d'une de ses régulières absences lorsque, exténué à la suite d'une lutte acharnée avec Lui, il devait s'abandonner à Lui pendant un moment, alors plongé dans l'inconscience la plus totale, comme assommé par un lourd gourdin.

Et il courait, à en perdre haleine...

Combien de fois avait-il demandé à l'Auguste Lune de lui venir en aide ? De faire cesser ce mal qui le rongeait, chaque jour un peu plus, et plus violemment que la fois précédente ? Oh certes, il n'avait pas été un saint, pas plus qu'il ne l'était jusqu'alors, et n'avait choisi sa condition de moine que très tard, ayant déjà eu le temps de mettre en pratique les entraînements au maniement de l'épée. Et puis Elle lui était apparue, Déesse parmi les dieux, magnifique et enchanteresse, puissante et sensuelle, dans sa robe d'argent : l'Auguste Lune. C'était ainsi qu'elle s'était présentée à lui, au crépuscule de son cinquième forfait, ses mains ruisselant encore du sang chaud de se victime.


- Hmmpf !

Perdu dans ses pensées, il manqua de trébucher sur un amas de racines sortant ostensiblement de terre. Un violent éclair lui traversa la tête, un éclat de lumière puissant, et cette douleur, comme si deux marteaux venaient de lui frapper le crâne en deux points opposés. Il s'effondra sur ses genoux, les mains plaquées sur les tempes, un horrible rictus lui barrant le visage. Et puis ce cri, déchirant, rompant brutalement le silence de la nuit tombante...

- Laisse-moi tranquille !

La douleur, lancinante, s'était tout de même adoucie. Ou peut-être avait-il finit par s'y habituer, et il put se relever, lentement. Il sentait les gouttes de sueur lui parcourir le visage, comme chaque fois que l'éclair se présentait. Il s'épongea dans la manche de sa robe de bure et poursuivit.

La première fois que le phénomène s'était produit, du moins aussi loin qu'il s'en souvenait, il n'avait pas résisté à l'attaque inattendue de l'Autre. Il avait sombré instantanément dans les pommes, et ne s'était réveillé que quelques heures plus tard, et bien loin de son point de chute. Au loin, au pied d'un arbre, il avait perçu quelque forme inhabituelle, d'une pâleur trop intense pour entrer dans la norme. Et il s'était approché, après s'être relevé. Ce qu'il avait découvert l'avait tout bonnement secoué avec violence. Il avait déjà eu l'occasion de voir des cadavres sanguinolents, certains même de sa main... Mais ce qui l'avait choqué, c'était l'état de ce corps, mutilé de part en part, comme si une meute de loups s'était acharné sur le corps, et l'angle inquiétant que formaient certaines articulations, sans parler de la tête, anormalement retournée vers le dos. Il n'y avait pas besoin d'avoir assister à la scène pour noter qu'elle avait été violente.

Un second éclair lui barra le crâne de part en part, il s'affala de tout son corps sur le sol aussi sec qu'il était dur, et roula sur le dos, les yeux à demi-ouverts. Là-haut il l'apercevait, Elle était là, semblait lui sourire. Il n'était plus en état de lutter. L'Autre s'emparerait de lui à sa prochaine offensive, c'était une question de secondes...


Dernière édition par Milo le Ven 13 Nov - 20:21, édité 2 fois
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Milo

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MessageSujet: Re: Going slightly mad   Going slightly mad Icon_minitimeDim 20 Sep - 22:11

Chapitre II : La Prière
*****
En musique...



Auguste Lune, toi pour qui je donnerai ma vie,
Ô Maîtresse des Sphères de la Nuit,
Puisses-tu m'apparaître à nouveau,
Descendre me guérir de mes maux,

Comme Tu le fus au tout premier jour,
Et sauver ce qu'il me reste de velours
M'apporter à nouveau la Révélation,
En récompense de mon abnégation.

Car déjà puis-je entendre au loin,
Annonciateurs de ma prochaine fin,
Le vacarme de Ses immenses Cors
Scandant mon nom à la Mort,

Celle-là même que tu m'as enseignée
En dépit de nos Ecritures Sacrées,
Instrumentalisant ta triste poésie
Pour vaincre ce que tu nommes Hérésie.

Auguste Lune, sauve mon corps de Sa présence,
Afin que jamais je ne sombre dans l'absence,
Je deviendrai ton puissant bras armé,
Et de déception tu n'auras plus à compter.

Sauve mon esprit de l'emprise de la folie,
Autorise-moi le contrôle sur Lui,
Je te promets de prêcher avec foi Ta parole,
Et de respecter les contraintes de ce rôle.
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Milo

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MessageSujet: Re: Going slightly mad   Going slightly mad Icon_minitimeVen 13 Nov - 20:23

Chapitre III : La Belle de Carmin
*****
En musique...




Jour de fête, célébration d'une victoire, sur les troupes de Kaldrass le faible. Il n'en fallait guère plus pour animer les rues de Nedmor, du château du souverain au port fluvial. Les fortifications de la cité avaient tenu bon, la plupart des soldats avaient résisté aux attaques, d'autres, moins chanceux, avaient terminés aux pieds des remparts. Mais tous ceux qui demeuraient vivants avaient décidés de descendre dans la rue, et de faire la fête jusqu'à point d'heure. C'était là aussi une façon de s'échapper pour un temps de la meurtrière routine de cette vie enclavée entre quatre murs de rocaille.


Cela remontait à bien des années plus tôt. Le jeune homme qui plus tard deviendrait moine n'avait pas encore eu l'idée de s'engager dans la voie de la sagesse, y préférant encore celle d'un preux et rude combat contre ceux que l'on nommait félons par ici. Et comme tous les jeunes hommes dans son cas, il avait été l'un des premiers à descendre dans les rues, fêter la victoire. On y buvait, on y dansait, on y riait, et on s'y amusait, ne se souciant plus alors de ce qui pouvait se passer de l'autre côté des hauts remparts. Et on s'en fichait même. Aux lueurs de quelques feux de joie allumés ça et là dans la cité, le peuple était heureux.

Auprès de l'un d'eux, la danse se voulait encore plus effrénée, au rythme cadencé de quelques musiciens d'un soir, joyeux spectacle de jeunes gens faisant une immense ronde autour d'un foyer rougeoyant. Dans un sens, puis dans l'autre. En avant, puis en arrière. Et puis ce fut au tour de ces demoiselles de faire leur spectacle, les jeunes hommes reculèrent, leur laissant libre place, mais n'en demeurant pas moins surexcités, frappant dans les mains pour donner encore plus de rythme à la danse populaire. Toutes jouaient de leurs charmes et de leurs attributs, car même si on venait là pour s'amuser, il n'était pas rare d'en partir accompagné.

Le jeune homme n'avait d'ailleurs pas quitté la jeune femme qui se trémoussait devant ses yeux. La belle aux cheveux d'acajou et au regard de braise ne cessait de tournoyer, faisant bon jeu de son charme naturel, et de ses qualités de danseuse. Sa longue robe rouge carmin virevoltait autour d'elle laissant apparaître ses pieds nus, et une partie de ses jambes galbées, à la façon d'une bohémienne. Et comme toute ses semblables, elle attirait le regard des jeunes gens. L'abus d'alcool aidant, on sifflait, on applaudissait dans la foule, certains même criaient. Les demoiselles se rapprochèrent de l'âtre un instant avant de plonger dans la foule, bras tendus vers l'avant en guise d'invitation à ceux qui seraient leur partenaire pour la suite de la danse.

Il vit la belle aux cheveux d'acajou s'avancer vers lui, un large sourire aux lèvres et, comme transporté par l'ambiance, il la suivit dans le cercle. Il tournoyèrent un temps encore autour du feu, au son ininterrompu des instruments de musique, tournoyèrent jusqu'à s'en rendre ivre. Car c'était ainsi qu'on s'amusait à Nedmor.


Et puis, après de longues heures à fêter la victoire en dansant, beaucoup ne sentant plus leurs jambes, la folie de la soirée s'estompa peu à peu. Les habitants regagnèrent leur foyer, et seuls quelques uns poursuivaient encore un peu cette interminable danse. Elle et lui avaient fini par rejoindre quelque endroit plus reposant pour profiter de la fin de soirée de façon plus intimiste, allongés au pied d'un vieux chêne. La main du jeune homme vint se glisser dans la chevelure de la demoiselle, et ils finirent par échanger un court mais doux baiser. Puis, se faisant plus entreprenante, cette même main s'en vint caresser la hanche qui s'offrait à elle, et glissa jusqu'à la cuisse. Surplombant désormais la demoiselle de quelques centimètres, ses lèvres vinrent à nouveau embrasser le doux visage qui s'offrait à lui. La jambe, toujours maintenue, se dressa légèrement. La nuit s'annonçait douce...
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Milo

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MessageSujet: Re: Going slightly mad   Going slightly mad Icon_minitimeDim 6 Déc - 22:56

Chapitre IV : La Traversée
(ou le Commencement)
*****
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Désormais, tout était noir. Comme au crépuscule de la vie. Juste noir.

Le froid... Oui, il faisait froid. Et humide. Il se sentait trembler, avec peine, mais trembler. C'est qu'il n'était pas mort. Pas encore. Le sol était tout aussi froid, et il était râpeux. Il le sentait sur son visage. Et cette odeur de pierre humide... Ses mains étaient jointes en son dos, les liens avaient été serrés avec force. Il était sans doute nu, sentant l'air glacial circuler contre sa chair. Les paupières étaient trop lourdes pour être ne serait-ce qu'entrouvertes, et dresser constat plus certain, il était fatigué. Il avait mal aussi, au crâne, la gorge sèche... Et il faisait froid.

Puis la douce et funeste mélopée s'intensifia. Une lueur pointa à l'horizon.

On put entendre des voix. Des éclats de voix. Et puis des rires, oui, des rires francs et lointains. Fallait-il être fou pour rire d'une telle situation ? Un cri déchirant traversa le silence, et puis à nouveaux ces rires, gutturaux et rauques, mais toujours aussi francs. Leur son s'intensifiait. Il se risqua à entrouvrir un oeil, tout était aussi noir, cependant. Et puis il faisait froid. Bientôt, des bruits de pas se firent entendre, martèlement désordonné de bottes sur ce même sol de rocaille qui lui usait la joue. L'oeil, toujours entrouvert, il observa l'ombre qui se forma devant lui, les contours dessinés par la lumière de quelque petite flamme dansant non loin de là.

Alors, le passeur l'amena jusqu'aux portes des Enfers...

Le sons des bottes s'intensifia encore, et encore, bientôt rejoint par le métallique de quelques bouts de ferraille que l'on taperait l'un contre l'autre pour produire ce tintement caractéristique et glauque, ainsi répercuté par les parois. Le son s'interrompit soudain. Une petite flamme dansait au loin. On put entendre le cliquettement d'une serrure, le bruit feutré d'une masse que l'on traîne sur la rocaille, et enfin le son de cette même masse jetée au sol. Un gémissement féminin juste à côté, un coup sec, puis une respiration haletante, saccadée.

"A lui, maintenant ?"

La maigre source de lumière virevolta de manière surnaturelle quelques instants, comme portée par une force invisible. Et puis...

"Oui."

La chaude lumière s'intensifia encore. Puis on le saisit par les bras, presque à hauteur des épaules. Sa tête penchait vers l'avant, se balançait au grès des pas. Et on le traîna. Il ressentait la désagréable et douloureuse sensation de ses pieds meurtris contre le sol râpeux, mais il n'avait pas la force de marcher. Il était fatigué, et il faisait toujours aussi froid. Il aurait voulu dormir.

Et le jeta dans l'immense gueule nimbée de flammes du Sans-Nom.

La douleur des pieds éraflés jusqu'au sang se fit alors lancinante. Mais cela n'avait plus d'importance désormais. Il devinait que sa fin était proche. Bientôt, il ne sentirait sans doute plus rien. On le jeta au sol. Le corps engourdi, il ne put se retenir. Sa tête heurta violemment le sol, mais celui-ci semblait moins dur. Et cette chaleur. Oui, il la sentait à présent. Il se laissa envelopper. Il n'était pas si mal ici, finalement.

L'oeil entrouvert lui laissa deviner un large foyer, à quelques mètres seulement. Une ombre passa devant. Il entendit remuer les braises. Aucun autre son ne venait perturber le crépitement des flammes. Et puis quelques pas, plus feutrés. D'un coup de pied, on le retourna sur le dos. Un vague cercle rouge s'approcha de lui. Puis plus rien. Alors il la sentit, en pleine poitrine, une douleur plus fulgurante qu'il n'en avait jamais ressentie. Il essaya de se dégager, en vain, il était exténué. Mais il voyait désormais leurs visages avec précision, les deux yeux grands ouverts. Et cette odeur écœurante de chair brûlée qui lui gagna rapidement les narines. Avait-il hurlé ? Il ne s'en souvenait plus.
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MessageSujet: Re: Going slightly mad   Going slightly mad Icon_minitimeSam 27 Mar - 17:58

Chapitre V : L'Echappée
*****
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A présent, tout était rouge.

La douleur l'empêchait de respirer, il se sentait suffoquer, et tremblait de tous ses membres. La mort lui tendait si aimablement les bras, il la voyait, là, juste devant lui. Les yeux écarquillés, dans un état de transe profond, il fixait le vide avec instance, laissant apparaître sur son visage l'expression marquée de l'effroi. Mais qui était-il pour se laisser mourir ainsi ? Qu'avait-il donc fait pour mériter la torture jusqu'à son prochain trépas ? Etait-ce là la conséquence de son engagement depuis des années auprès d'Elle ? L'Auguste Lune allait-elle le laisser ainsi, lui son plus fidèle soldat ?

"Qu'est-ce qu'il a ? Et qu'est-ce qu'il regarde comme ça ?
- Il va nous claquer dans les doigts !
- Saloperie de moine...
- Ca, un moine ? Rien de plus qu'un assassin déguisé sous quelques vieux haillons. Pfff !"


Dans un accès de dégoût, l'un des deux hommes vint lui frapper l'abdomen d'un grand coup de botte. Le moine se recroquevilla, son expression d'effroi laissant désormais place à la douleur. Et puis, sans pouvoir se contrôler plus longtemps, il vomit sur le sol de terre battue.

"L'enflure ! Il a gerbé sur mes pompes !"

Le même homme, cette fois emporté par la rage, arma sa jambe pour un second coup. Le regard empli de douleur du jeune homme au sol étincela. Et au moment ou la jambe arriva à pleine vitesse, il la saisit. Dans un craquement sourd, la jambe céda, et l'homme s'effondra en hurlant, sous les yeux ébahis de son collègue. Ce dernier se retourna en vitesse, cherchant des yeux quelque objet qui pourrait lui servir d'arme. Mais déjà il était trop tard.

Le corps qui, un instant plus tôt, était encore au sol, s'était redressé en un éclair, saisissant au passage la petit dague que portait à la ceinture l'homme à la jambe cassée. Et il avait bondi sur le second, comme un félin sautant sur un oiseau bien trop téméraire et inattentif. La lame plantée au milieu du cou, le geôlier suffoqua, cherchant à la retirer sans pouvoir en attraper le manche. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, et il s'effondra. Il cracha une dernière fois du sang. C'en était fini de lui.

Le moine, le regard flamboyant, se retourna. Le premier geôlier cramponnait fermement sa jambe en gémissant. Il intercepta le regard ravageur du prisonnier, la respiration se fit haletante. Il ne tenait désormais plus sa jambe qui traînait au sol et s'était redressé du mieux qu'il le pouvait. A présent, c'était à lui de trembler. Une longue minute s'écoula. Allait-il le tuer aussi rapidement qu'il venait de le faire avec son collègue ? Ou allait-il se venger et user à son tour de la torture ? Le moine, entièrement nu, se tenait debout, imposant, laissant transparaître dans ses yeux la réflexion qu'il menait. Il semblait revigoré, malgré son état léthargique qui avait précédé. Il leva la main tenant la dague. Le geôlier sursauta.


"Auguste Lune, toi qui m'a façonné,
Lave cet homme de tous ses péchés,
Prend celui que je vais t'envoyer,
Et apprend lui ce que signifie piété."


Et d'un geste rapide, il envoya la dague qui vint se planter dans la gorge du geôlier qui ne put esquiver. Il détourna son regard de la scène ramassa le trousseau de clés au ceinturon du second geôlier et passa la porte.

Il erra un moment dans les couloirs sombres de cette caverne qui avait été aménagée en cache. Lorsqu'il en sortit il portait sur son dos le corps d'une jeune femme, celle-là même qu'ils avaient trainé jusque dans la cellule un peu plus tôt. Il marcha jusqu'au premier point d'eau qu'il trouva, et s'y désaltéra. Lui souffrait encore de cette brûlure au fer rouge en pleine poitrine. Le regard se porta sur le corps inanimé de la demoiselle. Ils avaient joué d'inconscience, et elle en avait payé le prix fort. Il la souleva une dernière fois, et la déposa dans l'eau du lac. Il déposa un dernier baiser sur son front, et la laissa partir.

Le clair de lune éclaira encore un moment le corps enveloppé de la robe carmin, et puis, attirée vers le fond des eaux comme vers une autre vie, elle disparut.
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