Pour la vie [RP avec Elliana]

La délégation était partie et une colombe l'avait informée que Norick, la petite sœur des Fléchois, ne comptait pas revenir à la Citadelle avant plusieurs jours au moins. Mais il y avait un léger mieux, elle n'était pas partie de façon définitive et Plume avait su se contrôler suffisamment pour se déplacer jusqu'au Manoir des Léviathans et parler de façon normale avec leur Baron à l'égo plus gros que leur baraque. Elle avait donc recommencé à manger et à prendre peu à peu des forces. Cet après midi elle se sentait mieux et envisagea de sortir pour se perdre dans les forêts qui entouraient les remparts. Elle ne prit pas la peine de se préparer comme à l'accoutumée car elle voulait respirer l'air frais du dehors, se ressourcer dans le silence animé de la nature.

Une simple bourse de velours pendait à sa ceinture, ses robes noires en soie, cette fois, car elle ne voulait sentir aucun poids, étant encore trop faible pour supporter quoi que ce soit. Le ciel était nuageux mais le climat doux. Les oiseaux chantaient, se racontant les dernières nouvelles... Plus loin, sur sa droite, caché parmi les fourrés, un loup suivait le même cheminement qu'elle. Elle fit mine de ne pas l'avoir remarqué. Afra ne voulait pas que la noble bête se sauve. Elle appréciait cette présence discrète et tranquille.

Ce fut le véritable silence qui l'alarma. Et des bruits. Le bruit de quatre lourdeaux cuirassés s'avançant à grand pas. Elle tourna la tête en tous sens, elle ignorait sa position ! Fouillant frénétiquement dans la petite bourse, elle se maudit intérieurement. Quelle inconsciente ! Ah elle était belle la prévoyance ! Pas de composants, pas de chamallas ni fioles salvatrices... Et elle ne pourrait rien contre autant d'ennemis à la fois. Un bref avertissement lui appris qu'elle avait été repérée et que ses attaquants s'attachaient désormais à l'encercler.

Non, non, non elle ne voulait pas revivre ça ! Elle se prépara, marmonnant sans fin une unique incantation. La seule qu'elle prononcerait, son état de faiblesse lui interdisait de lancer d'autres sorts à la suite. Le premier fut en vue et elle déchaina son ire sur lui, guerrier exilé qui fonça bêtement. Il comprit sa douleur lorsqu'il prit de plein fouet un projectile magique. Frappé au visage, il ne put même pas crier, la bouche déformée par la chair fondant sur ses traits. Celui là, elle ne l'avait pas loupé ! C'était probablement du suicide mais elle tenta quand même de préparer un deuxième sortilège, de plus faible intensité, quasiment nul probablement, mais elle ne se rendrait pas sans se battre.

Le suivant tenta de l'occire par derrière mais elle se retourna, prête, et lui projeta la boule d'énergie dans le torse. Il s'effondra mais elle savait qu'il n'était qu'étourdi. La sorcière envisagea de courir et de fuir mais reculant, elle se retrouva dans les bras d'un autre attaquant qui la ceintura par derrière. Un coup de coude dans le plexus, un rejet de tête en arrière et elle lui brisa presque le nez. Alors un cri de rage résonna. Plaquant les mains sur les oreilles elle s'effondra à genoux en fermant les yeux. Elle se sentait nauséeuse et ne se voyait pas se relever de sitôt. Elle fut à nouveau empoignée, plaquée contre un arbre, et, distinguant un visage devant le sien, hurla sous la douleur. L'auteur du cri lui avait enfoncé la dague dans l'épaule gauche, la clouant au chêne sur lequel elle s'adossait bon gré mal gré. Cette fois ci ce serait terminé.

Voilà plusieurs jours qu'elle était revenue à Mérulik, ville de tous les conflits et où se tenaient régulièrement des combats redoutables pendant quelques heures interminables. Les forteresses entourant cette citée étaient en effet plus vulnérables pendant un certains laps de temps, et elles attiraient alors de nombreux curieux, avides de batailles, de meurtres aisés, de richesses ou de renommée. Elle n'avait d'autres choix que celui d'aller supporter les braves arborant les mêmes couleurs qu'elle, devant tenir son engagement auprès d'un Roy qui n'était pourtant qu'un prétexte pour accomplir son dessein.

A quelques jours de ces évènements, Elliana se promenait tranquillement loin de ces affronts, se préparant malgré tout à y être confrontée. Elle était lasse de ce conflit qui durait depuis bien trop longtemps, aucune faction ne réussissant à s'imposer comme il se devait pour y mettre fin. Pour y échapper, elle n'avait trouvé que peu d'échappatoires...La prière...Et la promenade comme à l'heure actuelle...
Elle aimait pouvoir laisser son esprit vagabonder ainsi, loin de toute guerre, allant où ses pas la guidaient, sans vraiment y faire attention, n'écoutant que les bruits de la nature, celui des grenouilles coassant et se répondant les unes les autres d'un bout de la forêt de Rommor à l'autre, celui de ses pas brisant parfois quelques brindilles au sol, le froissement de sa robe qui rythmait son allure...Des sons si simples, si différents de ceux du fracassement des épées, des sifflements des flèches ou des cris des blessés...

Alors qu'elle songeait justement à la quiétude des lieux et aux bienfaits que cela lui procurait, un hurlement retentit, celui d'une femme à en juger par le timbre perçant.
Relevant sa robe, elle se mit alors à courir vers la provenance de cette plainte laissant présager un état de grande souffrance et des blessures à panser de nouveau. Elle songea que ses réflexes de soigneuse pouvaient sauver de nouveau une vie, ne sortant jamais sans ses potions, baumes et autres nécessaires de soins, tout comme ses précieuses fioles lui rendant l'énergie nécessaire à son invocations du dieu des guérisseurs.

Elle faillit trébucher sur un guerrier gisant au sol, se tordant de douleur, le visage déformé, brûlé à un degré très violent à en juger ses traits. Il arborait un blason aux couleurs du Prince, ce qui fit ralentir la moniale, craignant de se trouver en de mauvaise posture face à de trop nombreux adversaires. C'est alors qu'elle aperçut un homme vêtu de bleu lui aussi, mais bien vivant, face à une femme vêtue de noire prisonnière de sa lame enfoncée dans l'arbre contre lequel il la retenait.
A cette distance il lui était impossible de distinguer un quelconque signe de son appartenance à l'un ou l'autre des alignements, et dans le doute, elle s'approcha à pas de loup, méfiante, mais tenant malgré tout à porter secours à cette femme en bien mauvaise posture. L'homme semblait se régaler de la souffrance qui lui infligeait, se délectant de son agonie, réfléchissant probablement à la fin qu'il pouvait lui offrir, la plus longue et douloureuse possible...
Arrivée à une portée raisonnable, Elliana invoqua alors le dieu des guérisseurs, faisant appel à sa puissance pour que la jeune femme reprenne des forces et souffre moins. Elle remarqua aussitôt que son visage se détendit, et son regard se mit à s'agiter, comme à la recherche de la source bienfaitrice qui la soulageait. Le tortionnaire lui ne sembla rien remarquer, et la moniale poursuivit alors son bienfait, s'approchant toujours discrètement...
Soudain elle bondit sur l'homme qui, surpris, bascula, se laissant entrainer dans la chute de la moniale...

"Fuyeeezzzz! Viiiittteeeuh!"

Elle sentait sa dernière heure arriver... Peut être allait-elle mourir pour de bon ? Peut être rejoindrait-elle sa Tour, pour exercer ses fonctions premières... Elle en avait assez de cette guerre idiote qu'elle ne comprenait même pas. Elle avait compris que ses agresseurs d'avant n'étaient que des déserteurs, les pires parmi la racaille engagée dans les armées. Elle avait appris à connaître et à parler de façon civilisée à des personnes de différents alignements...

Et le miracle eut lieu. La douleur reflua lentement, le bien être l'envahit peu à peu et elle se détendit... Ce n'était pas une intervention divine, la sorcière n'était pas crédule à ce point là. Elle chercha des yeux la source de ces soins inopinés, tentant de ne pas se trahir. Le guerrier semblait ne rien avoir remarqué alors elle reprit bien vite son expression de douleur, qu'elle simula avec brio, ayant eu maintes fois l'occasion de souffrir.

C'est alors que son assaillant chuta sous l'assaut d'une femme aux couleurs royalistes, une prêtresse pour le peu qu'elle put en juger. Celle ci lui intima de fuir mais il y avait un souci de taille... L'épée était toujours plantée dans son épaule. En effet si le vil l'avait presque décrochée du tronc en tombant, elle était encore là... Prenant sur elle, serrant les dents, Gwynhafra saisit la lame à l'aide de sa main droite et tira... Sa paume glissa, son sang coula à nouveau, son épaule la lança... Mais ce n'était rien. Pour l'instant il lui fallait aider celle qui l'avait aidée un peu plus tôt.

Elle se jeta aux côtés des combattants afin d'aider la moniale. Fouillant frénétiquement le guerrier, alors même qu'elle lui donnait des coups pour tenter de le désorienter, elle trouva enfin ce qu'elle cherchait... Une dague ! Il tenta de se redresser mais elle fut la plus rapide et, tandis qu'il se trouvait sur le dos un court instant, elle planta la lame dans la gorge de l'ennemi, il s'étoufferait avec son propre sang.

Elle haleta de fatigue... Son jeûne n'avait rien arrangé. Pourtant les soins n'avaient pas été superflus... Elle rampa un peu plus loin, tenant à s'éloigner du cadavre. Puis s'allongea dans l'herbe afin de reprendre son souffle. Un coup d'oeil lui permit de se rendre compte que la jeune femme l'ayant aidée allait bien.

Etourdie par sa chute, et la brutalité avec laquelle elle venait de heurter le sol bien qu'elle ait été adoucie par sa victime, elle eut l'impression
d'être tombée de bien plus haut que sa petite taille.
Reprenant malgré tout rapidement ses esprits, elle tourna la tête et vit la jeune femme grimacer, l'épée était bel et bien restée enfoncée dans sa chair, plantée plus profondément qu'elle ne l'aurait crû...Elle semblait souffrir terriblement, tirant avec autant de vigueur que possible de sa main libre sur cette lame la retenant prisonnière.

L'agresseur de cette dernière, bien que sonné par l'assaut qu'il venait de subir, avait malgré tout conservé ses réflexes, et profita de cet instant de non vigilance de la moniale pour lui donner un coup violent dans la mâchoire, qui sous le choc vacilla, roulant sur le flanc. Elle tenta malgré tout de se défendre, saisissant son bâton de la pitié et lui assénant un coup sur le crâne, puis fouilla dans sa besace, paniquée, à la recherche d'un lénifiant et d'une potion lui rendant un peu de force, espérant qu'il serait déboussolé assez longtemps.

C'est alors qu'elle le vit se dégager d'elle et tenter de se redresser. La jeune femme qu'elle avait voulu sauver se tenait là, le frappant de toutes parts et lui arrachant sa dague, qu'elle planta alors avec rage dans le cou de l'agresseur qui venait de chuter dos au sol. Le sang vint éclabousser le visage de la moniale, pâle et à bout de force.

Elle n'avait pas l'habitude de se battre, elle ne savait qu'apporter ses soins à ceux qui le faisaient à sa place. Ne voyant plus d'adversaires, et la femme s'éloigner du cadavre en rampant, elle reposa sa tête au sol, exténuée et soulagée, invoquant pourtant une fois encore la puissance que le dieu des guérisseurs lui offrait pour venir en aide aux blessés. La jeune femme avait perdu beaucoup de sang, et semblait très vulnérable.

Elle était malgré tout anxieuse, craignant pour la santé de la demoiselle. Elle se mus alors en sa direction, aspirant à appliquer quelques compresses sur sa plaie et un baume qui l'aiderait à cicatriser plus rapidement. Après tout cette inconnue n'avait pas fuit lâchement comme beaucoup l'aurait fait, mais elle avait à son tour sauver sa vie, elle s'en sentait redevable.

"Merci Mademoiselle.
N'ayez crainte, je suis Elliana, soigneuse de mon état, je ne vous veux aucun mal."

La prêtresse s'était battue bravement, il fallait en convenir. Elle avait du cran pour une femme qui avait choisi de servir un traître. Mais prostrée ainsi dans les herbes, auprès de quelques cadavres, et d'autres inconscients... Elle se laissa à nouveau aller, envahir par les ombres, par le nombre...

Stop.

Ce n'était ni le lieu ni le moment de s'abandonner aux réminiscences, aux griffes tentantes des prédateurs de l'invisible. Son front la brûla et elle y porta sa main... Pour sentir une très légère forme en croissant de lune noir, inversé. Il était réapparu. Sang et cendres ! Et forcément, cela allait susciter quelques questions... Quoi que, il y avait plus étrange... Comme ces druides se métamorphosant en ours...

Pour le moment la prêtresse rouge venait vers elle, murmurant des paroles apaisantes. L'assurant de ses intentions honorables, ne lui voulant aucun mal... Ah oui ? Et que dirait-elle si elle connaissait son identité ? Et encore cette pulsion de mort, cette attirance pour la provocation, pour l'agressivité... Pour titiller les ennemis dans l'attente d'une réaction...

Elle se redressa alors et la regardant bien en face, prononça ces paroles :

"Vous ne me voulez aucun mal, dites vous, Elliana... Mais que feriez vous, petite prêtresse, si je vous disais que je suis Gwynhafra, sorcière ayant juré allégeance au cartel ? Que feriez vous de vos belles mains, ne chercheraient-elles pas à m'étrangler afin de faire disparaitre une ennemie de plus ?"

Elle rit doucement.

"Je vous ai dit la vérité. Faites en ce que vous voulez..."

Alors qu'Elliana venait de lui adresser la parole, lui annonçant qu'elle souhaitait juste lui apporter son aide, la jeune femme se redressa, la toisant d'un ton sec, presque agressif. Elle venait de lui révéler son identité, Gwynhafra, sorcière de son état, d'où l'absence du moindre signe indiquant une quelconque appartenance à un des alignements en guerre. Et pourtant, elle était son ennemie...Elle n'avait rien d'une royaliste et avait préféré fuir les combats, rejoignant la poltronne de Zélandra, incapable de trancher entre les deux frères.

Et la voilà qui en arrivait à se moquer d'elle...Petite prêtresse...Ce rire narquois, caustique presque...Cette intonation provocante...
Ne s'était-elle pas rendu compte qu'à l'instant même elle était vulnérable, si facilement à portée de l'étoile divine à laquelle la moniale pouvait faire appel par la force de sa méditation? Elle la défiait, guettant sa réaction, montrant qu'elle ne craignait pas la mort et pourtant la moniale était convaincue que cela n'était que simulacre.

"La vérité? Et bien soit...Mais votre mépris n'a pas sa place dans votre position. Je vous prierais de vous adresser à moi sur un autre ton."

L'intonation rogue ne laissait pas de doute quand à l'agacement de la moniale. Elle avait horreur qu'on la sous-estime, qu'on la prenne de haut alors qu'elle considérait tous ses semblables comme ses égaux.
Puis elle reprit, une légère inflexion dans la voix, trahissant malgré tout la colère qu'elle contenait de son mieux.

"Croyez-vous que je me suis souciée de votre couleur vous voyant aux prises de ce lâche au blason azuré? Je n'ai vu qu'une vie en danger, que je pouvais sauver, au dépend de la mienne même. J'ai pris des risques pour vous et maintenant je vous poignarderais? Laissez moi rire...
Remballez votre fierté jeune sorcière...Dois-je vous rappeler que vous venez de me sauver la vie à moi aussi, alors que vous connaissiez parfaitement mon implication dans la cause royaliste? Laquelle de nous est alors la plus fourbe?"

Les ombres reculèrent pour la laisser en proie à la honte. Si ses joues couleur de feu n'étaient point aussi rouges que la tenue de sa vis à vis, Gwynhafra voulait bien dévorer sa besace. Le Nombre Maudit... Encore lui, lui et son influence. Mais comment se débarrasser de son influence ? Elle n'osait rien dire à personne. Comment expliquer ces évènements ? Mais si elle s'en ouvrait à sa guilde, est ce que les membres ne finiraient pas par lui interdire ses sorties nocturnes afin de la "protéger" ? Hors de question. Il lui fallait errer lorsque la lune se levait... Elle était ainsi.

Elle revint à elle tandis que son regard se teintait de mélancolie, comme à l'accoutumée. Elle répondit :

"Oui en effet... Pardonnez ces paroles dites sous le coup de l'émotion... En effet c'est bien d'une fierté mal placée dont j'ai fait preuve en cet instant. Et pourquoi ? Pour rien. Je suis votre débitrice autant que vous à mon égard, si l'on considère que nous nous sommes aidées mutuellement, bien que votre intervention ait été cruciale !"

Elle secoua la tête.

"Comment me faire pardonner ?"

Dit-elle enfin en esquissant un pâle sourire.

A ces mots durs de la moniale, la sorcière rougit, probablement honteuse de sa réaction stupide. Elle avoua s'être emportée, secoua la tête comme pour chasser ce souvenir et esquissa un sourire timide après lui avoir demandé comment se faire pardonner...
Après tout, elle devait avoir été choquée par cette agression, Elliana ne pouvait lui en vouloir. Elle répondit à son sourire de manière plus franche, comme soulagée de voir qu'elle n'aurait pas à user de sa puissance attaque de feu après avoir fait usage de ses soins sur cette même personne.

"Je vous excuse Gwynhafra. Ne vous souciez pas d'une quelconque manière de vous faire pardonner, vous venez de le faire en admettant l'entraide dont nous venons de faire preuve malgré des choix de vie différents.
Maintenant laissez moi voir vos blessures voulez-vous."

Le ton employé ne laissait place à nulle protestation, cela relevait davantage de l'ordre que d'une demande d'autorisation courtoise.

S'agenouillant à ses côtés, Elliana se mit alors à étaler devant elle maintes et maintes petites fioles, aux couleurs sombres et plutôt effrayantes ne distinguant pas réellement leur contenu. Elle mélangea ces mixtures sur une feuille de chamalla jaune, et lui appliqua à l'endroit de sa blessure. L'entaille était profonde, mais elle cicatriserait vite si la sorcière ne se risquait plus à des conflits pendant quelques lunes et acceptait de prendre du repos. Ressortant de sa besace une bande de tissu tout en maintenant la feuille de chamala, elle l'entoura sur son épaule afin de compresser sa préparation sur l'estafilade. Une fois le nœud suffisamment serré pour rester en place mais suffisamment ample pour ne pas trop compresser la chair, elle lui fit un dernier petit soin afin de la soulager.

"La feuille que je vous ai appliqué va aider votre plaie à se refermer, elle finira par se dissoudre sous l'effet des décoctions que j'ai placé dessus, et par former un gel cicatrisant. Évitez à tout prix de toucher à ce bandage et de faire des mouvements brusques, c'est indispensable à votre guérison.
Puis-je vous conduire en un quelconque endroit où l'on vous attendrait et pourrait prendre soin de vous?"

La moniale avait hésité à poser cette dernière question, et pourtant elle ne pouvait se résoudre à la laisser là si faible, à la merci du premier venu, malgré cet alignement qui aurait dû faire obstacle...

Abasourdie par la manifestation de sa malédiction, celle qui laissait place à l'"autre", la partie démente de son être, Gwynhafra se laissa faire et prendre en main par la moniale royaliste.

Lorsque cette dernière lui proposa de la raccompagner en un lieu sûr pour elle, la sorcière réfléchit. De toute façon elle n'avait pas le choix. Elle redoutait l'accueil de ses amis fléchois mais en l'occurrence la question ne se posait pas. Il eut été dangereux de se faire raccompagner ailleurs.

"J'accepte votre proposition avec plaisir. Si vous le voulez bien, je souhaiterais rentrer chez moi, dans la demeure de ma guilde... Je saurai brider l'enthousiasme des miens afin qu'il ne vous soit fait aucun mal..."

Sur ce, la jeune femme avança d'un pas afin d'indiquer le chemin sa nouvelle compagne de voyage.

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